Renforcement des règles relatives à la zone à faibles émissions de Bruxelles
La Région bruxelloise durcit à nouveau les règles concernant la zone à faibles émissions de Bruxelles à partir de l’année prochaine. Concrètement, les voitures diesel répondant à la norme Euro 5 ne pourront plus circuler à Bruxelles à partir du 1er janvier. Cette mesure est critiquée par différents secteurs, dont Brafco et Touring.
La Fédération belge des négociants en carburants asbl (Brafco) regrette cette décision. « Non seulement c’est très confus pour les automobilistes, mais en Flandre, le renforcement des critères d’admission dans les zones à faibles émissions (à Gand et Anvers) ne sera mis en œuvre qu’à partir de 2026 », explique Johan Mattart, directeur général de Brafco. « Il serait plus logique que la région bruxelloise s’aligne sur le calendrier de la région flamande. Nous regrettons le manque de concertation avec les parties prenantes ».
Coûts supplémentaires
Brafco craint que la mesure n’impose des coûts importants à de nombreuses familles qui ne disposent pas d’une voiture récente. « Tout le monde ne peut pas se permettre d’acheter une voiture électrique ou une voiture diesel récente », explique M. Mattart. Une alternative pourrait être d’imposer ce que l’on appelle le « diesel bleu » ou l’HVO (huile végétale hydrotraitée) pour l’utilisation de véhicules non-Euro 6 dans la LEZ. Il s’agit d’un carburant qui peut être utilisé dans presque tous les véhicules diesel sans modification. Ce carburant renouvelable permet de réduire les émissions de CO2 de 90 % et obtient également de très bons résultats en termes de NOx et de particules par rapport au diesel fossile. Dans la pratique, il est cependant très difficile de contrôler l’utilisation de ce carburant ».
Pas de consultation
Actuellement, les règles de la LEZ dans la région de Bruxelles ne s’appliquent pas aux camions. « Cela changera donc le 1er janvier prochain », précise M. Mattart. « Il existe encore de nombreux camions-citernes utilisés pour la distribution de carburant qui ne sont pas équipés d’un moteur Euro 6. Il s’agit principalement de camions-citernes utilisés pour la distribution locale de mazout domestique, par exemple. Étant donné le coût élevé de la construction de ces camions-citernes et le rayon d’action limité de ces véhicules, la période d’amortissement est généralement plus longue que pour les camions « normaux » qui parcourent quotidiennement de longues distances.
Impact sur les détaillants de carburant
Selon Brafco, le renforcement des règles de la LEZ dans la région de Bruxelles pourrait également avoir des conséquences pour le secteur. « Les distributeurs Mazout qui ne disposent pas d’un camion-citerne Euro 6 ne pourraient plus servir leurs clients en Région bruxelloise, à moins d’acheter une carte journalière, ce qui ne se produira guère dans la pratique étant donné les marges minces du secteur », explique M. Mattart. « Enfin, je voudrais souligner qu’en raison du durcissement des règles de la LEZ prévu pour le 01.01.2025, les dépôts pétroliers de la Région de Bruxelles-Capitale ne seront plus accessibles aux camions-citernes Euro 5. En cas de crise d’approvisionnement, cela pourrait s’avérer problématique.
Pas d’impact sur les stations-service
Toutefois, selon ENERGIA , l’organisation sectorielle en Belgique des entreprises proposant des solutions multi-énergies pour le transport et le chauffage, le durcissement n’aura pas d’impact majeur sur les stations-service mais plutôt sur l’accès de dizaines de milliers de particuliers et d’entrepreneurs à la capitale, qui risque de s’isoler socialement et économiquement. « A mon avis, cela aura peu d’impact sur le nombre de stations-service qui vont de plus en plus proposer une gamme diversifiée de formes d’énergie : l’électricité (via nos membres) comme les chargeurs rapides, mais aussi les biocarburants avancés (comme le diesel HVO XTL qui réduit les émissions de CO2 jusqu’à 90% par rapport au diesel classique) que l’on trouve déjà dans une vingtaine de stations-service en Belgique (camions et aussi quelques unes pour les voitures) », déclare Jean-Benoît Schrans, responsable de la communication d’ENERGIA. « Une zone à faibles émissions devrait être basée sur des données scientifiques objectives et ne pas exclure a priori des technologies (telles que les véhicules diesel modernes). Si l’on considère le calendrier de la LEZ à Bruxelles à l’horizon 2030, il est scientifiquement infondé de ne plus autoriser les voitures diesel, car les voitures modernes répondant à la norme Euro6d respectent les limites officielles. »
Touring demande un moratoire
Selon l’organisation de mobilité Touring, les nouvelles règles en matière d’émissions auront de nombreuses conséquences. « Le durcissement de la norme d’émissions autorisée à Bruxelles à partir de janvier 2025 exclurait 850 000 véhicules (700 000 voitures particulières et 150 000 camionnettes), dont 32 000 voitures diesel de Bruxelles même », explique le porte-parole Danny Smagghe. « Ce resserrement des critères de la zone à faibles émissions (LEZ) de Bruxelles exclura les véhicules répondant à la norme Euro 5 pour le diesel et Euro 2 pour l’essence. Dans le contexte d’une économie bruxelloise déjà fragile, l’interdiction de plus de 850 000 véhicules dans la capitale n’est pas une solution viable. Ce changement aura un impact majeur sur les Bruxellois, rendant un quart des voitures diesel de la ville immédiatement inutilisables.
Touring demande un moratoire
Touring demande un moratoire sur l’interdiction des véhicules Euro 5 : « Un moratoire est nécessaire pour permettre une évaluation approfondie de l’impact de l’interdiction des véhicules Euro 5 et pour développer des mesures d’accompagnement qui tiennent compte des réalités économiques, environnementales et infrastructurelles », a déclaré M. Smagghe. « Ce moratoire est essentiel pour assurer une transition équitable et durable vers une mobilité plus respectueuse de l’environnement, en accord avec les besoins et les possibilités des citoyens.