2020 sera une année noire pour la restauration en général, et le canal des stations-services n’en sortira pas indemne non plus

Il y a un mois, Foodservice Alliance, la plateforme de connaissances au service des fournisseurs du marché belge de la consommation hors foyer, a publié les premiers résultats des analyses qu’elle a réalisées sur l’impact du coronavirus sur le secteur de la restauration en Belgique. À l’époque, on tenait encore un discours prudent sur l’éventualité d’un scénario catastrophe dans lequel le marché belge de la restauration perdrait environ 1,2 milliard d’euros suite à une fermeture de trois semaines, suivie par un redémarrage compliqué, qui nécessiterait environ deux semaines supplémentaires. Mais c’était sans compter sur le scénario épouvantable qui allait également se produire pendant les vacances de Pâques… Et en fin de compte, même ces pronostics-là se sont révélés trop optimistes aujourd’hui. D’après les nouveaux calculs, on s’attend à ce que la fermeture des établissements de l’horeca en Belgique entraîne une perte de 2,4 milliards d’euros dans le secteur de la restauration jusqu’à la fin du mois d’avril. Et si le secteur de l’horeca reste fermé jusqu’à fin mai, il est probable que 4,3 milliards d’euros se volatilisent, soit 19 % du total des ventes annuelles du secteur belge de la restauration. Ces chiffres ne concernent que le manque à gagner dû au gel du secteur. Ce qui est beaucoup plus difficile à faire, mais qu’il faut pourtant faire dès à présent, c’est se pencher sur les pertes probables qui découleront des mesures drastiques qui resteront fermement en place dans le secteur.

Pour estimer ces pertes, Foodservice Alliance a pris en compte la règle de distanciation de 1,5 mètre qui risque de rester en vigueur dans l’horeca pendant encore un bon bout de temps. Ces chiffres montrent que les conséquences de la crise du coronavirus risquent d’être encore plus néfastes que le confinement lui-même. Dans ce scénario, nous nous retrouvons en effet avec un manque à gagner d’environ 9 milliards d’euros, soit 42 % du total des ventes annuelles du secteur belge de la restauration. Dans ce cas, l’horeca perdrait 6,5 milliards d’euros tout au long de l’année 2020 (soit environ 45 % du chiffre d’affaires annuel), 760 millions d’euros (soit 34 % du chiffre d’affaires annuel) disparaîtraient dans le secteur de la restauration collective, et la filière « convenience » – dont font partie les stations-services – ne serait pas épargnée non plus. Quelque 2 milliards d’euros (soit 32 % du chiffre d’affaires annuel) pourraient en effet y être perdus. Le lockdown se transformerait ainsi en un véritable knockout pour pratiquement tous les maillons de la chaîne de la restauration. La conclusion de Foodservice Alliance est aussi simple qu’inquiétante : dans un tel scénario, pratiquement aucune entreprise ne serait en mesure de redéfinir son modèle d’entreprise en si peu de temps. Dans le prochain numéro de Service Station Magazine, nous examinerons ces chiffres plus en détail.